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Dalil, Boubakeur. Non ! L’Islam n’est pas une politique. Desclée de Brouwer, 2003.

Citation du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, au micro de Michel Desautels. RADIO-CANADA
Citation du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, au micro de Michel Desautels.RADIO-CANADA

Mai 2016

FICHE DE LECTURE

INTRODUCTION

Ce dossier se veut avant tout être une présentation générale détaillée de l’ouvrage intitulé Non ! L’Islam n’est pas une politique de Dalil Boubakeur. A travers ce rapport, nous donnerons un aperçu fidèle du contenu ainsi qu’une approche objective retraçant les idées générales abordées tout au long de l’œuvre, tout comme le fil conducteur et la pensée de l’auteur. Le but étant avant tout d’apporter une réponse à cette affirmation qui suggère que « l’islam n’est pas une politique » telle que l’a voulue Dalil Boubakeur.
Ainsi, nous avons entrepris la lecture de ce livre à la recherche des arguments et réponses s’offrant au lecteur suite à ce titre percutant qui interpelle par son aspect intransigeant et l’emploi du point d’exclamation qui ne laisse aucune place à l’hésitation ni même au doute.
Dans un premier temps, nous parlerons de Dalil Boubakeur et feront un résumé du livre par chapitre, puis nous verrons en quoi “l’islam n’est pas une politique”, comme énoncé par l’auteur.

I) AUTOUR DU LIVRE

a) L’auteur

Dalil Boubakeur est né le 2 Novembre 1940 à Skikda, en Algérie. Il est le fils de Hamza Boubakeur et l’ancien recteur de la mosquée de Paris. Médecin de profession, Dalil B. est un universitaire et directeur de l’Institut Musulman de la Mosquée de Paris. Son parcours mêle études scientifiques et religieuses :

Etudes :
•Lycées Bugeaud à Alger (ALGERIE)
•Louis-le-Grand à Paris
•Faculté des Sciences et de Médecine de Paris
•Etudes coraniques, théologiques, civilisation musulmane

Diplômes :
•Diplôme des Arts et des Lettres de l’Université d’El Azhar (EGYPTE)
•Diplôme Honoris causa de l’Université Islamique de Zitouna (Tunisie)
•Grade Honorifique de Doctor Laws de l’Université d’Ulster (Ireland)
•Doctorat en médecine Paris

Dalil Boubakeur est également l’auteur de nombreux livres dont Les défis de l’Islam, L’Art Musulman , L’Appel au Dialogue et plusieurs autres travaux.

b) Résumé des chapitres

A travers l’ouvrage nous retrouvons un aspect quelque peu similaire aux autobiographies puisque l’auteur retrace son parcours et des événements de sa vie, il y énonce ses convictions sur fond d’expérience personnelle. Paru en 2003 Non ! L’islam n’est pas une politique est un ouvrage accessible à un vaste public car il s’articule sous forme d’un dialogue entre le recteur de l’Institut musulman de la Grande mosquée de Paris (de l’époque) et la journaliste Virginie Malabard. Ainsi, Virginie M. guide la discussion en posant des questions d’actualité, mais aussi des questions tout à fait légitimes qui répondent à des inquiétudes et une incompréhension partagés par une partie conséquente de la population française. Voilà pourquoi Dalil B. se prête volontiers au jeu des questions-réponses afin d’éclaircir plusieurs aspects jusque-là ambigus et nécessitant quelques approfondissements.

L’ouvrage comporte trois chapitres :
I) Pour un islam du juste milieu
II) Existe-il un islam de France ?
III) Questions d’identité

Dans le premier chapitre Dalil Boubakeur utilise un terme très intéressant qui n’est autre que celui de « juste milieu » en parlant de l’islam. Il faut savoir que la communauté musulmane est par définition celle du « juste milieu » car le prophète Mahomet a dit dans un Hadith (parole rapportées) : nous sommes une nation du juste milieu. De ce fait, tel que l’explique Dalil B. le musulman est un croyant mais avant tout un citoyen et se doit d’adopter une attitude modérée dans tous les domaines de la vie. Il n’a nullement pour ordre d’être extrémiste religieusement parlant ou par opposition laxiste dans sa pratique de l’islam et de ses cinq piliers. Il faut ici comprendre que la religion musulmane est une religion modérée qui appelle à vivre en totale harmonie entre le spirituel et le terrestre. Ainsi, Dalil B., se pose à lui-même une question rhétorique qui est : où se situe la foi dans la modernité ? Il y répond par les termes suivant « je réponds que la religion doit rester dans le cadre de la vie personnelle et spirituelle sans occulter, par conséquent, les autres activités de quelque nature qu’elles soient ».

Le recteur de la mosquée de Paris insiste sur le fait que les religions sont toutes porteuses de messages de paix et appellent au vivre ensemble, leur message est universel et s’adresse à l’humanité toute entière, mais les gens ont creusé de leurs propres mains des faussés pour se distinguer les uns des autres et ont mené aux conflits : « ce qu’il manque aujourd’hui, c’est une éducation à vivre ensemble, une culture de paix, une éthique sociale. Tout est fait pour nous distinguer les uns des autres, pour nous retrancher dans nos égoïsmes. Voyez l’œuvre de Mozart, elle s’adresse à l’humanité sans distinction parce qu’elle établit justement une relation affective entre tous. Tout son génie réside dans cette poésie qui relie l’ensemble de ses notes au cœur de l’homme. » De plus, dans le même chapitre, l’auteur y dit que les clivages sociaux et matériels, le corporatisme, les inégalités devant le savoir ou la santé, les hasards de la vie morcellent la société. Les Droits de l’Homme sont une utopie à atteindre, les religions aussi proposent une société d’égalité et de fraternité, et tout particulièrement l’Islam. Si les hommes se contentaient de suivre les religions, il n’y aurait nullement besoin de déclaration des Droits de l’Homme puisque les religion en sont elles-mêmes dotées.

La notion de djihad et également abordée lors de ce premier chapitre. Dalil Boubakeur en donne la définition suivante « le djihad est une cause sacrée:c’est faire don de son effort et de sa vie à Dieu. En arabe ”jahada” signifie ”faire effort”, ”creuser en soi pour se connaître”. On ne trouve donc pas de connotation guerrière évidente si l’on se réfère à l’étymologie du mot. Un hadith distingue entre le grand djihad – qui vise à lutter contre notre propre imperfection intérieure – et le petit djihad mené contre les ennemis, ce qu’on appelle communément la guerre pour la foi. Le plus important est le grand djihad, celui tourné vers nous-mêmes et nos imperfections. Quant au petit djihad, il obéit à des règles strictes. ». Voilà pourquoi, l’auteur explique très clairement que le djihad armé a bel et bien disparu, car aujourd’hui il est impossible d’en respecter toutes les conditions à savoir : interdiction de toucher aux femmes, aux enfants, aux plantes, aux sources d’eau, aux bâtiments…etc

Il est à noter que même si le citoyen d’un pays voit ce pays-là entrer en guerre contre son pays d’origine, il n’a aucunement le droit de se rebeller contre le pays dans lequel il vit. Le djihad n’a, par conséquent, pas lieu d’être contre un pays dans lequel vous vivez en paix. Enfin, et dans le but d’annihiler les amalgames, Dalil Boubakeur déclare haut et fort que « l’islam n’est ni plus ni moins qu’une religion, ni ”l’opium d’un peuple”, ni un recours de crise, juste un éveil spirituel ». En effet, le musulman est celui qui réfléchit sur sa religion, qui apporte sérénité et apaisement là où il va, qui est en harmonie avec sa spiritualité ainsi que la vie quotidienne. En somme, l’islam n’est ni un appel à la guerre, ni même une mouvance de l’extrême ; il s’agit au contraire d’une religion dont ses principes luttent tous contre tout ce qui mène à l’agression du monde.

Dans le deuxième chapitre, Dalil Boubakeur apporte des approfondissement historiques concernant l’apparition de l’islam en France. Ce chapitre est relativement intéressant, il retrace les grands événements de la Guerre d’Algérie et autres grandes crises historiques qui ont mené incommensurablement à l’arrivée de l’islam en France. Quoi que très enrichissant, cette partie de l’ouvrage ne sert guère à répondre à notre problématique énoncée précédemment dans l’introduction. Néanmoins en voici un bref aperçu.

Selon l’auteur, il y a un lien indissociable entre l’islam de France et l’Algérie. En effet, il explique que c’est l’occupation française en Algérie qui a eu de nombreuses conséquences, dont la venue de milliers d’immigrés algériens (notamment entant que combattants dans les armées françaises lors de la Seconde Guerre Mondiale) et ceci a eu pour effet l’enracinement de l’islam, petit à petit, hors de ses terres. Or la France est restée cent trente ans en Algérie sans que le problème religieux ait pris une acuité grave. Les tensions résultaient avant tout de la colonisation même. C’est une erreur de soulever cette incompatibilité car la France a montré son aptitude à comprendre l’Islam. Et les musulmans s’inscrivent dans la nation française : l’islam est la deuxième religion de France. Cet imaginaire d’exclusion entre la France et l’Islam n’est donc pas une réalité. Surtout, du point de vue constitutionnel, la laïcité offre un espace juridique de liberté d’expression et à partir du moment où l’islam ne sort pas de son cadre religieux, il ne gêne en rien la République. Il s’intègre ainsi comme toutes les autres religions dans le cadre républicain en reconnaissant la loi générale. En conséquence, il y a tout intérêt à s’entendre en bonne intelligence et à s’accepter mutuellement, ce a quoi travaille Dalil B. entant que dignitaire de la communauté musulmane.

Reprocher aux citoyens français de confession musulmane le droit de se trouver sur le sol français revient à faire un sot dans l’histoire et par conséquent blâmer la France pour tous ses agissements passés. Car nul n’est responsable de la venue et donc l’apparition de l’islam en France autre que le gouvernement français, qui n’avait pas mesuré l’impact sociétal et religieux de sa politique expansionniste.

Le troisième et dernier chapitre offre une approche beaucoup plus intime sur la vie de l’auteur et sa philosophie entant que citoyens français musulman. Dalil Boubakeur se livre à nous à travers ces dernière pages, et relate son parcours ainsi que ses pensées et sa réflexion personnelle. Étant d’origine algérienne, Dalil B. parle non sans émotions de la richesse que ses différentes cultures lui ont apporté « la culture française m’a appris à voir le monde de façon plutôt rationnelle, la culture algéroise m’a donné le goût de l’esthétique, de la finesse, du raffinement dans les vêtements, l’art d’une vieille culture algéro-turque dont est issue ma famille maternelle. Enfin, la culture arabe du Sahara m’a apporté la fermeté paternelle, la rudesse de la langue arabe, des espaces désertiques, du climat, des insectes, de la pierre des Zaouïas. Ces trois sources se complètent pour donner un véritable kaléidoscope ! ». Ainsi, Dalil Boubakeur parle de ses trois identités, aussi fortes qu’enracinées. Chacune renvoie à une dimension différente. La nostalgie du désert, sa magie, ses couleurs, la grandeur de l’espace et l’infiniment petit lui donnait un spleen terrible. Enfant, l’intimité du désert le faisait pleurer. Mais la culture française le refroidissait avec ses obligations sans soustraction possible, une froideur qui contrastait complètement avec la culture maternante algéroise qui l’a conforté dans le bonheur de l’enfance. Ces trois dimensions humaines – rudesse, rigueur et enfance ensoleillée – l’auteur les a intensément vécues.

A la question de Virginie Malabard « vous sentez-vous, aujourd’hui, plus musulman français ou Français musulman ? » Dalil Boubakeur répond : « Français et musulman ». Avant l’indépendance de l’Algérie, il se dit avoir été un musulman français d’Algérie mais il lui manquait la dignité d’être un homme libre car l’Algérie était colonisée. Après l’indépendance, c’est en homme libre que Dalil B. a choisi de vivre en France et d’aimer ces deux parties matricielles.

Par ailleurs, étant un homme de science, l’auteur témoigne de la compatibilité absolue entre la science et la foi. Il déclare avoir toujours été prémuni contre les ignorances et les hasards de par sa foi. Quand il passait ses concours de médecine, Dalil Boubakeur avait pour première pensée de remercier Dieu. Plus généralement, l’islam encourage la recherche du savoir et donc la recherche scientifique, « cherchez la science du berceau jusqu’à la tombe » dit un hadith. La vérité scientifique ne peut contredire la vérité religieuse car la vérité ne peut s’opposer à la vérité, dit l’auteur. Et en citant Mohamed Abdûh « la destinée du monde sera accomplie lorsque la science et la religion fraterniseront, comme le veulent le Coran et la sagesse, et c’est alors que Dieu aura complété sa lumière malgré l’opposition des impies et l’obstination de ceux qui partagent leur opinion » le recteur de la mosquée de Paris exprime sa plus profonde conviction, ainsi, selon lui l’islam résume l’aspiration totalisante à la connaissance par la foi et la science jumelées. Dalil Boubakeur a donc trouvé un équilibre pur et parfait entre la profession de médecin qu’il exerce, et sa spiritualité. Ni l’une ni l’autre ne prend le dessus, il s’agit au contraire d’une harmonisation qu’a su établir l’auteur en lui. Et afin que tout un chacun puisse atteindre cette osmose, l’auteur lance un appel : chaque croyance doit être respectées en tant que telle, avec ses dogmes et ses rites. C’est pourquoi dialoguer pour tenter de comprendre une mécanique qui n’est pas notre paraît utile. Il a fallut tout le génie de Saint Paul pôur faire du christianisme une religion d’Europe, une fois qu’elle a traversée la Méditerranée. Son contenu mental est devenu indoeuropéen ; l’islam est resté sémitique. « Enrichissons-nous de nos différences » appelle Dalil Boubakeur. L’islam est par excellence religion et dialogue. Ainsi comme l’a dit St Exupéry : « Ari, par ta différence tu m’enrichis ! ».

II) Non ! L’Islam n’est pas une politiques

a) L’islam vu par un musulman

Dans cette première partie, nous verrons le point de vue de l’auteur en tant que citoyen musulman. Étant un homme de foi et ayant fait des études universitaires et scientifiques qui l’éloignent de la théologie, il s’est longuement interrogé. A toutes les étapes de sa vie, sa foi a été sa compagne. Nous verrons comment il défend cette foi et jusqu’où va son combat pour l’islam du juste milieu.

Nous verrons ceci à travers ses réponses avec la journaliste qui lui parle de ses expériences, de ses origines, de sa foi, de son parcours, de son idéologie et de sa philosophie. Au fil du livre, il répond au titre du livre qui est ‘’Non ! L’islam n’est pas une politique’’.

Selon lui, avant que des personnes soient musulmanes, juives ou chrétiennes, elles sont toutes semblables les unes aux autres ‘’Avant d’être des musulmans des juifs ou des chrétiens, nous sommes des hommes semblables les uns aux autres.’’

L’auteur se sent en parfaite communion entre sa religion et lui même, il parle d’un islam du juste milieu c’est a dire d’un islam libéral. Ainsi, il croit à cet islam. Selon lui, l’islam est une louange permanente parce que l’individu vit avec le rappel que Dieu est vivant et éternel. Ainsi, le musulman baigne dans cette présence divine de tous les instants de la vie quotidienne: Le contenu sémantique des mots arabes ” El salam, El hamdoulilah, bonjour merci au revoir” le prouvent.

Donc, la communication est très enrichie de termes divins. La vie du musulman s’oriente vers un chemin qui mène à Dieu, quoi qu’il en fasse. C’est un dérapage de la spiritualité que de vouloir confondre les deux champs du religieux et du politique, le prophète quant à lui reste l’exemple inimitable car il est devenu chef d’une communauté à son corps défendant puisque ses adversaires l’ont amené à quitter la Mecque en 622.

C’est pourquoi, faire de la religion une source de vérité à imposer aux autres est une erreur car la religion répond seulement à une quête spirituelle et une quête de l’amour de Dieu. La religion doit rester une source éternelle de valeur et de morale et inciter les hommes à se traiter en frère et plus qu’à se tolérer à s’accepter mais surtout à s’aimer.

L’auteur compare la religion aux siècles des lumières, aux philosophes. Il parle beaucoup de la pensée des philosophes et nous pouvons voir qu’il est inspiré par eux. L’islam lui rappelle le sentiment de fraternité, de liberté et de liberté de pensée et de raisonner par sa propre personne et de s’aimer les uns les autres. On est tous des êtres humains et il reprend beaucoup les pensées de ces philosophes. Par exemple, pour le croyant, Dieu est le point de départ de tout. Pour Spinoza, il est au bout de tous nos chemins. L’humanisme met l’être humain au centre de toute réflexion ; la religion elle, y place Dieu. C’est pourquoi cette confrontation entre la religion et la philosophie est nécessaire. La croyance et la démonstration philosophique sont complémentaires et non antagonistes.

Les religions, et notamment l’islam reposent sur les mêmes principes. Mais on ne peut imposer telle religion même si ces principes sont grands. Et l’imposer serait d’ailleurs agir aux mépris des règles sur lesquels elles se fondent. Ainsi, la religion renvoie à la dimension spirituelle de l’homme et donne un sens à sa vie. Beaucoup de questions philosophiques et spirituelles sont indispensables à l’éveil de l’âme. Il dit que celui qui ne se pose pas de questions dans son rapport à la vie, à Dieu, à l’histoire de l’homme, ne peut être qu’un être véritable sans véritable conscience. La religion reste une étape formelle pour accéder aux grandes et éternelles interrogations de l’homme. Elle introduit le rapport à Dieu dans la vie, la mort, le bien, le mal, la justice… etc. En gros, des valeurs qui ne relèvent pas de l’enseignement traditionnel ou de l’évidence. On voit qu’il sent un rapprochement avec Dieu à travers sa religion et sa foi.

La religion est par conséquent une voie d’initiation aux valeurs spirituelles qu’on apprend comme des rites et grâce auxquelles on essaie de parvenir à une connaissance de soi même donc à une meilleure connaissance des autres pour tenter de comprendre le pourquoi de nous-mêmes et de nous tous. Ainsi pour mieux expliquer, si une personne voudrait comprendre le pourquoi de nous même et de nous tous, la religion est la meilleure solution parce qu’elle offre une voie d’initiation aux valeurs spirituelles. Et grâce à cela, on apprend des rites et ceci nous permet d’avoir une connaissance de nous même. C’est à ce moment qu’on peut espérer aboutir à un humanisme de fraternité. En somme, Dalil Boubakeur veut montrer aux gens que l’islam n’est ni plus ni moins une religion. Ce n’est absolument pas une politique. Il ne faut pas les mélanger ensemble et laisser sa soif du pouvoir l’emporter sinon cela compliquera les choses. Ainsi, nous verrons cela dans notre deuxième partie.

b) L’instrumentalisation de l’islam

Qu’est ce qu’on entend par “l’instrumentalisation de l’Islam” ?

Comme vu précédemment, l’auteur définit l’Islam comme étant ni plus ni moins qu’une religion il n’est ni l’opium du peuple, ni un recours de crise, juste un éveil spirituel, car le musulman est celui qui réfléchit sur sa religion. Il s’agit donc d’une religion et plus encore d’une spiritualité universelle. La journaliste se demande constamment pendant tout cet échange, pourquoi les gens se tuent pour la cause d’Allah ? Pourquoi justifient-ils ce qu’il font par l’Islam ?
A ce genre de question l’auteur, répond toujours en disant que la religion islamique a pu être précipitée par la volonté de quelques uns dans le ravin des discordes humaines que les turbulences politiques creusent plus encore. Ce n’est rien d’autre que l’appétit du pouvoir de certains individus qui tentent aujourd’hui de nous faire croire que l’Islam n’est pas porteur de paix. Premièrement le 11 septembre 2001 marque le début d’une nouvelle vision de l’Islam : C’est à ce moment là où la vision de l’Islam commençait à être plus ou moins négative et sceptique. Le paroxysme du mouvement terroriste dit islamique débute mais l’auteur insiste sur le fait qu’ils ils assassinent aussi bien des musulmans que des non musulmans, les musulmans se trouvent également dans l’insécurité et ne sont pas indemnes. Ces “fous d’Allah” ne représentent qu’eux mêmes. Leurs discours sectaires ne justifient que leurs propres actions meurtrières. L’auteur affirme: “Ils sont en fait de réels bourreaux instrumentalisant le Coran à leur fin personnelle ou politique dans une vision paranoïaque du monde. Les intégristes ne sont qu’une caricature totalitaire de la religion.

De plus, au moment de l’Hégire, le prophète Mohammed quitta la Mecque pour s’établir à Médine car une constitution d’une communauté une “umma” devait être établie. Cependant, son intention première était de transformer la société en partageant le rappel à croire en Dieu. Il n’a pas été un homme politique, il a fait exactement la même chose que Moise (bien que Moise n’est jamais été qualifié de chef politique et bien qu’il se soit heurté au pharaon et qu’il ait lutté contre l’injustice et l’incroyance.)

Où se situe la foi dans la modernité ? L’auteur affirme que la pratique de la religion doit rester dans le cadre de la vie personnelle et spirituelle sans occulter, par conséquent, les autres activités de quelques natures qu’elles soient. Beaucoup de musulmans confondent sacralité et temporalité, ils vivent la religion comme une entité globalisante en dehors de laquelle rien n’est recevable mais ils oublient que Dieu a donné à chacun une raison pour réfléchir comme une époque pour vivre. Ils oublient que le monde s’éclaire à deux lumières la foi et la science. La connaissance du monde du 7ème siècle ne correspond plus à celle d’aujourd’hui, il y a certes des principes théologiques qui sont eux, intouchables mais tout le reste doit évoluer à l’aube des nouvelles valeurs de liberté, de pensée, d’égalité entre hommes et femmes, de dignité et surtout de fraternité entre tous. Bien entendu, il existe la Charia mais il n y a rien d’abusif à relire cette charia à la lumière des nouveaux concepts et valeurs des hommes qui ont contribué également à éclairer l’essence et l’existence humaine. La loi religieuse doit être ainsi loi de justice et “pilier de la civilisation et du progrès humain” Mohamed Abduh, juriste et mufti égyptien et un des fondateurs du modernisme islamique a dit que lorsqu’une tradition est contrainte à la raison, c’est la raison qu’il convient de donner la prééminence. Dans tous les domaines où la vérité ne vient qu’un simple suivisme parce qu’un tel ou un tel l’a dit, il vaut mieux privilégier l’attitude de l’intelligence, de la compréhension, de l’authenticité de la foi plutôt qu’une expression qui va à l’encontre du bien général. L’islam apparaît pour beaucoup comme un recours de crise depuis la fin des années 70 et une réponse aux multiples difficultés que connaît le monde islamique. Le système mis en place antérieurement était davantage tourné vers le nationalisme, le socialisme ou encore le tiersmondisme ainsi en Égypte qu’en Tunisie et en Algérie même le panislamisme n’a jamais été un islamisme armée il a été agitée contre les nationalismes c’est ce qu’on fait les Britanniques en Inde. Cette évolution vers un islam idéologique est liée aux différentes crises du Moyen-Orient. La fondation de l’État d’Israël a surpris le monde arabe; elle a été une véritable maïeutique de ce qu’allaient devenir les états arabes.

Ce transfert dans l’islam à un autre s’est opéré sous un théâtre violent comme en Afghanistan, dans les territoires occupés au Maghreb, en Bosnie ou sous le théâtre Pacifique comme la formule de Simon de Montfort à Montségur “tuez les tous Dieu reconnaîtra les siens” de même pendant les guerres dites de religion au XVIe siècle en France ou en Irlande encore aujourd’hui Ainsi, faire de la religion une source de vérité à imposer aux autres est une erreur car la religion répond seulement à une quête spirituelle, une quête de l’amour de Dieu.

Il faut dire que l’intégrisme a bénéficié de deux facteurs importants: Premièrement il est financé avec l’argent du pétrole et deuxièmement géopolitique avec la stratégie des anglo-saxons qui ont misé sur cet islam politique comme rempart à l’expansion du communisme dans le monde. L’intégrisme apparaissait dans le contexte de la guerre froide comme un moindre mal face au péril rouge mais il a fini par faire des ravages surtout dans les pays musulmans ou depuis l’abolition du califat il n’existait pas de tradition structuré de l’islam ( par exemple dans les Philippines, en Inde.. et c’est dans ces pays non arabes que l’islam d’Arabie, le Wahhabisme, a connu curieusement le plus de succès)

L’islam reste l’élément le plus proéminent de ces peuples disparates ils n’ont que la religion en commun. L’Humanité est donc faite pour être plurielle, la religion dans sa conception humaniste doit être un système stable où la raison a toute sa place pour le bien du gouvernement des hommes.

Qu’est ce que le Jihad ?
La définition sacrale du Jihad est la suivante : c’est une cause sacrée dans laquelle il fait faire don de son effort et de sa vie à Dieu. Il faut se battre certes mais se battre avec soi même pour être un bon musulman. En arabe cela signifie faire un effort creuser en soi pour se connaître on ne trouve donc pas de connotation guerrière évidente que si l’on se réfère à l’étymologie du mot. De plus, il faut distinguer entre le grand Jihad qui vise à lutter contre notre propre imperfection intérieure et le petit Jihad menée contre les ennemis ce qu’on appelle communément la guerre pour la foi. Le plus important est le grand celui tourné vers nous-mêmes et nos imperfections il obéit à des règles très strictes. Le jihad armé n’est en effet autorisé dans l’islam que dans des cas très précis c’est une obligation communautaire pour défendre sa foi, sa famille ou sa nation il est une réaction à une agression ou une persécution essentiellement d’ordre religieux. D’ailleurs les versets coraniques qui s’y rapportent sont étroitement corrélés à la période médinoise à partir de 622 et les musulmans ont eu à lutter pour défendre leur foi et asseoir l’autorité de islam. Les théories qui divisent le monde en deux à savoir dar el harb (domaine de la guerre) et dar el islam (domaine de la soumission à Dieu) montrent à quel point la religion annoncée par des prophètes pacifiques porteurs de miséricorde, de pardon et de justice de Dieu dérivent d’un plan historiciste et humain vers des rapports de force.

Mais il est nécessaire de replacer les versets dans leur contexte historique et de ne pas commettre des des abus d’interprétation en leur faisant dire autre chose que ce qu’ils disent strictement. En sachant qu’on retrouve quelque peu la même idée pour le christianisme. Jésus a dit “ne pensez pas que je sois venu apporter la paix au monde je ne suis pas venu apporter la paix mais L’épée” “Je suis venu apporter un feu sur la terre et combien je voudrais qu’il soit déjà allumer”. Certes les terroristes d’aujourd’hui agissent au nom de l’islam et d’Allah ils utilisent certains symboles de l’islam ils se disent musulmans mais ils n’ont ni la tolérance, ni la générosité ni le respect de l’islam, tuer des innocents ne leur pose pas de problème. Derrière les violences dit à caractère religieux il faut toujours chercher des objectifs qui le sont beaucoup moins. Par exemple, Ben Laden n’a pas consulté les musulmans pour ses interventions belliqueuses désapprouvées par tous les responsables musulmans, au contraire des amalgames ont vite été opérés au détriment de l’islam, ce sont les musulmans eux-mêmes qui sont assimilés à des actions auxquelles ils n’ont aucune part.

Les principes islamiques ne sont en rien contradictoires avec l’évolution des régimes vers un gouvernement démocratique. Il est non moins vrai que certains régimes évoluent vers la démocratie et la laïcité particulièrement en Turquie ou au Maghreb mais les conditions économiques, géographiques, le manque d’instruction et la sous scolarisation ne favorise pas toujours un accès immédiat à cette démocratie qui signifie avant tout le fait de restituer au peuple l’exercice conscient est bien informé de sa responsabilité a décidé de ses affaires (Ce qui poussera davantage les états musulmans dans la démocratie c’est la sortie du sous-développement. )

La déclaration universelle peut être applicable à tous les hommes elle reprend ce que le courant accorde à tous les êtres humains, comme les principes de dignité, d’égalité de tous les rangs. La religion est une sorte de vérité éternelle et c’est aux sociétés de fixer les normes.

CONCLUSION

En somme, à travers ce livre Dalil Boubakeur défend ses positions et revient sur la place de l’islam dans la société française, et plus largement sur la relation entre la foi et la modernité. Ainsi, l’auteur démontre que ce ne sont ni plus ni moins que les aspirations anarchiques des hommes qui veulent servir leurs intérêts personnels qui utilisent la religion tel un bouclier et manipulent les esprits avides de pardon divin afin d’en faire des objets servant des intérêts politiques et économiques au nom d’une ”cause céleste”. Les religions n’ont jamais appelé à la guerre ni à la haine, et il en va de même pour l’islam.

La philosophie de Dalil Boubakeur est la même que celle partagée par la majorité des musulmans du monde. Aucune religion n’a jamais eu pour objectif la destruction, or les Hommes ont des aspirations au pouvoir depuis la nuit des temps et ont trouvé à travers la foi l’opium du peuple, ou un allier pour la propagande et la manipulation des esprits.